Joan Netten

null

Joan Netten

PhD IN EDUCATION

CiFRAN expert advisor, co-developed of the Neurolinguistic Approach, Memorial University of Newfoundland and Labrador (Canada), awarded the Order of Canada for her work promoting the development of the French language in Canada.

  • Second-language learning/teaching
  • Second-language acquisition
  • Communication skill development
  • Literacy
  • Language-teaching strategies
  • Student-teacher interactions

En 1955, Joan Netten termine un baccalauréat avec mention en français et en histoire à l’Université de Saskatchewan. Au cours de l’été suivant sa première année d’études universitaires, elle reçoit une subvention pour suivre, à l’Université Laval, des cours d’immersion destinés aux étudiants nord-américains qui désirent apprendre le français. À la fin de ses études à l’Université de Saskatchewan, grâce à l’obtention d’une bourse, elle effectue une maîtrise en littérature française à l’Université de Toronto, où elle est nommée « George Sydney Brett Fellow ». Par la suite, elle enseigne le français pendant un an dans une école privée de Saskatchewan. En 1957, elle retourne au Québec et obtient son brevet d’enseignement à l’Université McGill. De 1958 à 1964, elle donne des cours de français langue seconde dans des écoles publiques qui sont situées sur la Rive-Sud (Montréal) et font partie du conseil scolaire Chambly County. À Saint-Lambert, elle enseigne aux élèves de niveau secondaire, mais donne aussi quelques cours de soir aux adultes, en plus de prendre part à des discussions concernant la mise sur pied du programme d’immersion dans les écoles canadiennes. Elle est ensuite transférée à Greenfield Park, où elle enseigne du niveau primaire jusqu’au niveau secondaire.

De 1964 à 1967, elle continue ses études en français à l’Université de Toronto alors qu’elle a l’occasion de suivre un cours donné par le docteur Greimas, professeur invité de l’École Normale de Saint-Cloud. En 1967, elle quitte l’Ontario pour aller enseigner le français aux étudiants inscrits au baccalauréat en arts, au Département de français de l’Université Memorial de Terre-Neuve, avant d’être transférée à la Faculté d’éducation où elle se consacre à la formation des futurs enseignants de français jusqu’en 1997. Lors de sa participation à un congrès sur l’enseignement du FLS, en 1988, elle rencontre Claude Germain, professeur de linguistique appliquée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et découvre que leurs champs de recherche sont très similaires (ils s’intéressent tous les deux aux interactions élève-enseignant et aux stratégies d’enseignement). C’est ainsi que débute une collaboration qui s’est étendue sur une vingtaine d’années et a mené au développement de l’Approche Neurolinguistique (ANL). En 1997, Mme Netten retourne au Québec et obtient, en 2001, un doctorat en éducation à l’UQAM.

Tout au long de sa carrière, Mme Netten s’implique dans de multiples activités en lien avec l’amélioration de l’enseignement du français. Dans les années 70, elle reçoit deux subventions du gouvernement fédéral pour améliorer les programmes de formation des enseignants du français à l’Université Memorial et elle devient membre de l’Institute for Educational Research and Development de la Faculté d’éducation de cette université. À cette époque, au Canada, il existe deux programmes permettant d’apprendre le FLS : le français de base, déjà bien introduit dans les écoles, et l’immersion, qui commence à y être implantée. Elle collabore à l’instauration du programme d’immersion dans la péninsule française de Port-au-Port pour répondre aux besoins des francophones, puis dans les écoles anglophones de la province. Après avoir introduit le programme d’immersion à Terre-Neuve-et-Labrador, Mme Netten reçoit le mandat, avec un collègue de l’institut, d’évaluer chaque année les programmes d’immersion dans toutes les écoles des commissions scolaires de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, puis de produire un rapport qui fait état des forces et des faiblesses du programme, mais aussi des attitudes des enseignants et des apprenants à l’égard de celui-ci. Pendant cette période, ils reçoivent une subvention qui leur permet d’étudier l’interaction élève-enseignant dans les cours d’immersion. Ils se chargent de cette mission jusque dans les années 90 : alors qu’il y a de plus en plus d’écoles qui utilisent le programme d’immersion, ils se voient contraints de confier cette tâche devenue trop lourde au Département d’éducation de la province. De 1988 à 1992, Mme Netten travaille pour le ministère de l’Éducation de Terre-Neuve-et-Labrador. Elle s’implique, à la demande du ministre, dans la création des premières écoles francophones de la province et dans l’implantation des programmes de français langue première. Au terme de longues négociations, elle parvient, malgré l’opposition de certains, à faire accepter l’implantation d’écoles francophones de niveaux primaire et secondaire à Port-au-Port, puis dans les autres communautés francophones de la province. Pendant cette période, elle supervise aussi l’organisation des programmes de français et d’anglais comme langues secondes.

Mme Netten s’implique également dans diverses organisations professionnelles telles que l’Association canadienne de linguistique appliquée et l’Association des études curriculaires (section francophone). De plus, elle est membre du comité de rédaction de la Revue canadienne des langues vivantes et, depuis 1970, de Canadian Parents for French, organisation qu’elle préside au niveau national de 1999 à 2001. L’objectif de cette association est d’encourager les parents à inscrire leurs enfants dans les programmes d’immersion qui, contrairement aux programmes de français de base, permettent aux apprenants de développer leur capacité à bien parler français. Mme Netten y effectue un travail non rémunéré : elle contribue, entre autres, à offrir un soutien psychologique aux parents, à organiser différentes activités afin de stimuler les apprenants et à promouvoir l’apprentissage et l’utilisation du français au Canada. D’ailleurs, en reconnaissance de son travail pour la promotion du bilinguisme dans l’ensemble du Canada et de son implication bénévole dans plusieurs activités et associations, Mme Netten est nommée membre de l’Ordre du Canada en 2001. L’année suivante, elle reçoit les médailles du jubilé d’or de la reine Elizabeth II, puis, en 2012, celles du jubilé de diamant.

Dans les années 90, à Terre-Neuve-et-Labrador, Mme Netten et ses collègues enseignants comparent les résultats entre les programmes d’immersion et ceux du français de base. Ils ont remarqué depuis quelque temps déjà que les attitudes envers le français de base ne sont pas très positives, et ce, autant du côté des enseignants que des apprenants et de leurs parents. Les enseignants ont de la difficulté à motiver leurs élèves, qui ne progressent pas. Le constat est alarmant : la majorité des élèves suivent le cours de français de base (environ 20 % seulement sont en immersion), et la plupart d’entre eux abandonnent ce cours après la 9e année. De plus, ceux qui restent (environ 10 %) ne sont pas capables de s’exprimer en français de manière spontanée à la fin de leurs études secondaires. Désireuse de pallier ce problème, Mme Netten visite d’autres institutions universitaires, en quête de suggestions de moyens permettant d’améliorer ces programmes. M. Germain propose alors d’utiliser le français intensif, un programme qui a été élaboré au Québec pour aider les immigrants à apprendre à parler français avant d’être adapté par Lise Billy pour les anglophones du Conseil scolaire de Rivière-des-Prairies, dans la Rive-Nord (Montréal) puis remplacé par le programme d’immersion. Le français intensif a ensuite été récupéré par les écoles francophones pour l’enseignement de l’anglais. Il fallait donc le modifier à nouveau pour qu’il puisse être utilisé à Terre-Neuve-et-Labrador, un milieu anglophone.

Même si la suggestion de M. Germain avait été acceptée, les enseignants de Terre-Neuve-et-Labrador continuaient de réclamer un changement plus profond dans les stratégies d’enseignement. C’est ainsi que Mme Netten et M. Germain ont décidé d’adopter une pédagogie basée sur le développement de la littératie, qui correspond à celle utilisée en immersion. De 1998 à 2001, M. Germain et Mme Netten effectuent alors les premiers tests dans plusieurs écoles de la province. Les résultats de ces expérimentations démontrent que les élèves qui suivent le nouveau programme parlent et écrivent avec beaucoup plus d’aisance et de précision. Afin de développer les stratégies d’enseignement et tous les paramètres du programme, ils poursuivent leurs recherches pendant trois ans. Durant ce temps, ils s’entretiennent avec d’autres chercheurs pour comprendre les raisons qui expliquent l’efficacité d’une telle pédagogie. Grâce au linguiste Michel Paradis, ils découvrent que, pour être capable de communiquer dans une langue seconde, il faut d’abord développer une grammaire interne, non consciente, qui ne peut être enseignée, car ce sont les élèves qui la développent eux-mêmes en utilisant la langue. Il importe donc de changer les stratégies d’enseignement pour arrêter de mettre l’accent sur la grammaire et instaurer une pédagogie de la littératie qui privilégie l’utilisation de la langue à l’oral.

Au terme de six années de recherche, Mme Netten et M. Germain élaborent l’Approche Neurolinguistique, un nouveau paradigme qui permet aux apprenants de communiquer spontanément en français. Au même moment, ils mettent sur pied le programme de français intensif qui est adapté à la réalité des milieux anglophones et peut être modulé en fonction des besoins particuliers d’élèves ayant des handicaps. Ils développent également le français post-intensif, qui permet aux élèves de suivre le programme jusqu’à la fin de leur secondaire et d’acquérir, en français, des compétences à l’oral très près de ceux qui sont en immersion. Leurs recherches finissent par susciter l’attention de diverses provinces canadiennes, dont le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan, qui leur demandent d’entreprendre des expériences dans leurs écoles.

Le programme de français intensif basé sur l’ANL s’est implanté peu à peu dans plusieurs conseils scolaires situés dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard. Au Nouveau-Brunswick, le français intensif a même remplacé le programme régulier du FLS, et il gagne en popularité à l’échelle internationale. Il s’est aujourd’hui introduit en Asie, en Europe, en Afrique, au Mexique et en Amérique du Sud. On commence d’ailleurs à utiliser l’ANL pour l’enseignement de langues autres que le français telles que l’anglais, le mandarin, l’espagnol et les langues autochtones (mohawk, cri, micmac, etc.). Aujourd’hui, cette méthode suscite l’intérêt d’organisations qui ne font pas partie du système scolaire. C’est le cas du CiFRAN : ses membres experts se promènent à travers le monde pour former les enseignants de FLS/FLE à cette approche. Mme Netten est aujourd’hui conseillère scientifique pour ce centre. Elle a notamment participé à la première formation donnée à l’école des Forces canadiennes, à Ottawa, et elle collabore avec les formateurs afin d’organiser et de standardiser les formations. De temps à autre, elle rédige aussi des articles et effectue des présentations dans des congrès pour aider à faire connaître l’ANL et ses avancées.

  • Doctorat en éducation (UQAM)
  • Brevet d’enseignement (Université McGill)
  • Maîtrise en littérature française (Université de Toronto)
  • Baccalauréat avec mention en français et en histoire (Université de Saskatchewan)
  • Membre de plusieurs comités gouvernementaux pour l’amélioration des programmes de FLM et FLS au Canada
  • Membre et présidente de l’association Canadian Parents for French
  • Membre du comité de rédaction de la Revue canadienne des langues vivantes
  • Professeure invitée au programme de maîtrise en éducation à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse
  • Chercheuse invitée à l’Institut de recherches en langues secondes du Canada de l’Université du Nouveau-Brunswick
  • Spécialiste en apprentissage des langues secondes invitée au Centre TESL de l’Université Concordia à Montréal
  • Professeure invitée à la Commission parlementaire sur l’enseignement des langues au Pays de Galles
  • Directrice adjointe des programmes de français pour le Département de l’éducation de Terre-Neuve-et-Labrador
  • Professeure-chercheuse honoraire de l’Université Memorial de Terre-Neuve
  • Professeure à l’Université Memorial de Terre-Neuve
  • Education 3050 : enseignement du français au primaire
  • Education 4150 : enseignement du FLS au secondaire
  • Education 4152 : enseignement du FLS en cours d’immersion
  • Education 4155 : apprentissage des langues secondes
  • Education/Linguistics : acquisition d’une langue seconde (offert avec un professeur du Département de linguistique)
  • Education (Master’s program) : recherches dans l’enseignement des langues secondes
  • Education (Master’s program) : développement du curriculum pour les cours de langues secondes
  • Education (Master’s program) : supervision des thèses de maîtrise
  • Plusieurs cours dans le programme de maîtrise en éducation (Université Sainte-Anne, Nouvelle-Écosse)
X